Parfois, j’entends les femmes me dire : « Vous savez, j’aurais aimé qu’on me dise la vérité sur la grossesse/l’accouchement. »
Ces femmes-là pourraient être vous ou moi. Parfois, elles sont en fin de grossesse, parfois elles viennent d’accoucher, parfois cela remonte à quelque temps déjà. Peu importe. Elles posent cette phrase, souvent dans un soupir, comme le besoin de déposer un fardeau qui leur pèse tant ou depuis si longtemps.
Intéressante cette phrase non ? Mais qu’y a-t-il derrière ? La Vérité ? Qu’est-ce donc que la Vérité ? Si je prends mon dictionnaire (le Petit Larousse illustré de 2013), la définition est la suivante : idée, proposition qui s’accorde avec le réel, tel que nous le percevons.
Nous voyons donc qu’il est question de la façon dont nous percevons la réalité, ce qui implique que la vérité n’est pas forcément la même pour tout le monde. S’il reste des éléments de base qui semblent à peu près identiques pour un même groupe de personnes, une même culture, … la vérité elle, reste propre à l’individu.
Cependant, vous êtes là et vous avez posé cette phrase. Vous êtes là avec un besoin et si vous attendez une réponse, je doute que ce soit : « la vérité n’est pas la même pour tout le monde ».
Ce qu’il est possible de faire en revanche, c’est de travailler sur votre besoin, essayer de comprendre d’où il vient, ce qu’il représente, pourquoi il arrive à ce moment précis de votre vie. Et ce qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est d’être dans l’écoute, dans l’accueil de ce que vous vivez, de ce que vous ressentez.
Je peux faire ressortir quatre points principaux derrière ce besoin de connaître la vérité AVANT de vivre quelque chose.
Je ne m’attendais pas à vivre cela.
Prenons un exemple : il se peut que vous ne vous attendiez pas à ce que les nausées et les vomissements durent si longtemps au cours de votre grossesse, ou qu’ils soient si importants. Bien sûr, vous aviez entendu parler des nausées du premier trimestre, mais à ce point ?! Chaque jour, vous essayez de vous dire que ça va bientôt se terminer, que c’est fini, que c’est la dernière fois que vous vomissez. Mais non, c’est épuisant, et physiquement, et moralement.
J’ai eu peur.
Cette péridurale, vous la vouliez. Vous ne voyiez pas pourquoi vous vous en priveriez puisqu’elle allait vous permettre de ne pas avoir mal, d’être plus détendue et sereine pour accueillir votre bébé. Vous n’auriez pas cru avoir la sensation de mourir. Cette seconde où tout s’arrête, où vous vous demandez si vous allez pouvoir rencontrer votre bébé, où vous regardez votre mari en vous disant qu’il saura prendre soin de ce petit être même si vous n’êtes pas là.
J’aurais pu mieux m’y préparer.
Ce que j’entends par là : après avoir vécu quelque chose au cours de votre grossesse ou de votre accouchement, vous vous dites qu’il y a des informations que vous auriez dû avoir avant, car vous les jugez importantes. Ces informations vous auraient permis de mieux vous préparer à vivre quelque chose, car vous auriez eu le temps de les intégrer.
Si on fait l’hypothèse que vous les avez eues avant, au moment où vous allez vivre les choses, vous allez pouvoir vous dire : « Ok, c’est normal de vivre ça. »
Je pense par exemple à la phase de désespérance (où il y a une forte augmentation de l’adrénaline) que peuvent vivre les femmes qui sont proches de donner naissance à leur bébé. Que ressentent-elles à ce moment-là ? Un état de panique important, mais passager : « Je n’en peux plus de souffrir, c’est trop pour moi, je n’ai plus la force de continuer, je vais abandonner, je ne suis pas capable de mettre au monde mon bébé, je le sens, je vais mourir... »
Toutes ces pensées peuvent traverser une femme qui accouche, mais ces pensées arrivent justement très peu de temps avant la naissance du bébé. Elles sont complètement normales et précèdent une phase où l’on retrouve toute l’énergie nécessaire à l’expulsion du bébé.
J’en reviens à vous : si vous n’avez pas eu l’information, vous risquez de paniquer et tout peut basculer, voire mal se passer si le professionnel qui est avec vous ne prend pas le temps de vous rassurer et de vous encourager.
Si vous avez déjà eu l’information, vous pouvez la garder dans un coin de votre tête. Et même si au cours de l’accouchement, vous êtes dans votre bulle, quand arrive cette phase de désespérance, il est possible que vous puissiez retrouver cette information et que vous vous disiez que vous arrivez au moment crucial, que c’est la dernière ligne droite, que vous allez rencontrer votre bébé.
J’aurais pu mettre en place autre chose.
Avoir les informations vous aurait permis, par exemple, en étant enceinte, de mieux profiter de ce troisième trimestre de grossesse, le trimestre de l’ocytocine. Savoir que tout ce que vous ressentiez était normal, et que même si vous aviez des envies soudaines de refaire toute la chambre du futur bébé (toute neuve pourtant), c’est juste parce que vous prépariez votre nid. Vous n’auriez pas eu besoin de vous dire que ce n’était pas raisonnable et donc de culpabiliser. Vous auriez pu simplement vous écouter davantage, vous faire confiance et faire ce qui vous semblait important (de là à refaire la chambre du bébé ? A voir…).
J’ai voulu prendre des exemples pour illustrer mes propos, ceux-ci sont plus ou moins légers. Les situations tragiques sont rares. Malgré tout, il peut parfois rester un arrière-goût d’inachevé, une envie que les choses se soient passées autrement. En tant que femme, chacune de vous est unique. Chacune de vous va se préparer différemment à vivre sa grossesse et son accouchement. Chacune de vous va avoir besoin de connaître sa vérité, celle qui l’aidera pour sa prochaine grossesse, pour son prochain accouchement ou simplement pour avancer.
Que faire alors ?
Toute expérience vécue laisse une trace indélébile en soi. Qu’elle soit positive ou négative, il est possible de se poser, de la « regarder », de travailler dessus pour non pas l’oublier, mais la transformer de façon à ce qu’elle vous aide à l’avenir. Et parfois, vous avez besoin de vous faire accompagner pour faire tout ce travail. Rien de plus normal à ça, il peut être difficile de prendre du recul sur une situation quand vous êtes encore dans l’émotion.
Ainsi, quand vous travaillez sur cette expérience, des changements en profondeur se font. Ils sont si profonds qu’ils vous permettent de mettre en place de nouvelles actions. Se renseigner d’avantage sur un sujet. Percevoir les choses sous un autre angle. Faire ce que vous considériez comme impensable quelque temps auparavant. Plus sûre de vous, ils vous donnent une force et une détermination qui semblent parfois hors du commun.
Il faut cependant garder à l’esprit que malgré toutes les préparations, les lectures, les accompagnements que vous pouvez faire, il peut y avoir un risque, faible certes, que les choses ne se passent pas comme vous le pensiez. Je dirais plutôt que se préparer à ce risque fait partie intégrante du cheminement de la femme.
Il faut également garder à l’esprit que les choses doivent être répétées plusieurs fois afin qu’elles soient intégrées, encore plus quand vous êtes enceinte et que vous vivez le chamboulement hormonal de la grossesse.
Gardez en mémoire que l’expérience que vous avez vécue est unique et riche. Elle vous permet d’en sortir plus grande et plus forte.
Il est important de vous préparer autrement si vous voulez ne pas revivre les mêmes choses, de mettre en place des pensées et des actions différentes.
Enfin, il ne faut pas oublier qu’il est également possible de vivre des surprises positives. Je reviens sur mon premier exemple : s’attendre à vomir tout le long du premier trimestre. Il est possible de ne ressentir que de vagues nausées pendant quelques semaines, rien de plus. Un autre exemple : ne pas envisager un accouchement sans péridurale, puis changer d’avis au « dernier moment », gérer les contractions et la douleur en étant dans sa « bulle » et accueillir son bébé ainsi.
Je rajouterai un dernier conseil que tous les futurs parents s’entendent dire, mais j’ai dit qu’il fallait souvent répéter les choses : profitez-en pour dormir tant que c’est possible avant l’arrivée de bébé et dès que possible quand bébé est là. Ceci dit, parfois, ce n’est qu’en vivant l’expérience qu’on se rend compte combien les conseils étaient précieux !
Et vous, y a-t-il une vérité que vous auriez aimé connaître ? Comment le vivez-vous à l’heure actuelle ? Si vous avez envie d’en parler, de poser des choses, de pouvoir avancer, n’hésitez pas à me contacter, nous pourrons en discuter et voir comment nous pouvons travailler ensemble.
Merci pour cet article. J aurais du me renseigner plus sur l’allaitement et sur l acharnement du monde hospitalier a pousser coute que coute une Maman qui a du lait a allaiter, au peril de l’enfant. J aurais du dire non.
Ca reste gravé et bien d autres choses, qui font que j’ai eu l impression de subir l’infantilisation et le mepris du monde medical sur moi pendant la periode post-accouchement (jumeaux prematurés).
Je regrette de ne pas avoir ete plus forte et de ne pas avoir su dire non. Ca ne se reproduira plus jamais certes, mais tout sujet qui touche a l accouchement et la naissance de jumeaux en particulier me fait encore pleurer, 7 ans apres.
C’est une blessure que j aime, j y suis attachee car elle m a donne mes enfants. Mais c est une blessure et un traumatisme a vie.
Bonjour Flore,
Je vois effectivement que les émotions liées à cette naissance difficiles sont encore bien présentes.
Dans votre cas, je ne sais pas si vous renseigner davantage sur l’allaitement vous aurait aidé à mieux supporter la pression dont vous parlez. Je crois surtout que la combinaison du traumatisme d’une naissance de jumeaux prématurés conjugué aux sentiments d’infantilisation et de mépris que vous avez vécus auraient déstabilisé n’importe qui.
Je peux imaginer que vous avez ressenti beaucoup de culpabilité de ne pas savoir dire non quand ça vous semblait juste, mais il ne faut pas oublier que vous étiez dans le flot émotionnel de la naissance, qui plus est, une naissance difficile.
Ce que j’ai envie de vous dire, c’est qu’il est possible, si vous en avez envie, de travailler sur ce traumatisme et cette blessure. Effectivement, cela peut prendre du temps de les transformer en souvenirs non douloureux, mais c’est possible.
Prenez soin de vous.