Aujourd’hui, je vais vous parler de comment j’en suis arrivée à pratiquer le cododo, et surtout, pourquoi j’aime ça.

 

Quand j’étais enceinte de mon premier enfant, j’avais beaucoup d’envies, de doutes et j’avais des certitudes.

 

J’avais envie d’allaiter, ça, c’était certain. Je doutais de réussir à gérer mon accouchement. J’avais la certitude que je ne ferais pas de cododo. Ca, c’était hors de question ! Du cododo, mais où va-t-on ? Manquerait plus que ça quand même. J’ai envie d’avoir ma chambre et mon lit pour mon mari et moi ! Il va sans dire que quand j’ai lu le passage du livre évoquant le cododo dans L’art de l’allaitement maternel, je me suis dit que vraiment, à La Lèche League, ils étaient un peu trop extrémistes (enfin, elles surtout).

Ceci dit, même si je ne voulais pas bébé dans ma chambre, j’avais quand même envie de d’un couffin que je puisse avoir à proximité quand bébé dormirait en journée.

Puis, au fur et à mesure que ma grossesse avançait, je me suis dit que finalement, pour allaiter la nuit, ce serait plus pratique d’avoir le couffin près de mon lit (vous me voyez arriver là ?). Attention, bébé serait dans son couffin hein ! Je le fais téter, il s’endort repus, hop je le repose dans son couffin et voili voilou, je peux me rendormir.
 Et puis, de toute façon, la maison que nous louons en Ecosse ne nous permet pas d’aménager une chambre pour bébé vu qu’elle est entièrement meublée (le genre de choses que l’on ne trouve pas trop en France, des maisons entièrement meublées, de la cuisine aux différentes chambres, en passant par le salon et le bureau). La seconde chambre a un lit double et le bureau est tellement rikiki qu’il est impossible de rajouter quoi que ce soit.

 

Ensuite, il y a eu la réalité…

 

Et puis, vient le temps de l’accouchement (qui ne s’est pas si bien passé que ça), les premiers jours séparés de bébé, un allaitement difficile à mettre en place, très difficile même. Je m’accroche, je tiens à allaiter. Malgré l’épuisement dû aux allers-retours en réa néo-nat toutes les 3h (y compris la nuit), je finis par y arriver et nous rentrons chez nous au bout d’une semaine. Il faut savoir que l’on peut généralement sortir quelques heures après la naissance normalement, une semaine, c’est extrêmement long pour l’Ecosse.

Quel bonheur de se retrouver uniquement tous les trois (et pas à 5 mamans dans la même chambre comme à l’hôpital) ! Nous pouvons enfin nous poser (sans les pleurs qui s’enchaînent dans la « chambre »), découvrir notre nouvelle vie, se l’approprier petit à petit, construire un nouvel équilibre.

Il faut dire que ce n’est pas évident tous les jours. Je parlais de pleurs qui s’enchaînent dans la « chambre », mais finalement, ici, c’est pareil, qu’est-ce qu’il pleure ce bébé ! Est-ce que c’est normal de pleurer à ce point-là ? C’est difficile de le poser dans son couffin, chaque fois qu’il est endormi et que j’essaye de l’y poser, il se réveille et se met à pleurer. En plus, il veut téter absolument tout le temps (du moins, c’est mon impression) !

Tout le monde y va de ses conseils, plus ou moins pertinents : « Tu devrais le laisser pleurer, c’est normal un bébé qui pleure, c’est la seule façon qu’il a de communiquer. » (mais oui, justement, il s’exprime, si je le laisse pleurer, je ne suis pas à son écoute, il communique dans le vide), « Tu sais, il faut laisser au moins 3h entre deux tétées, je le sais, j’ai allaité tous mes enfants ; s’il réclame avant, ce n’est pas qu’il a faim. » (on en parle de l’allaitement à la demande ? Celui recommandé par les professionnels de l’allaitement, un bébé sait s’il a besoin de téter ou pas), jusqu’à la puéricultrice (Health Visitor en Ecosse) qui nous certifie que je ne dois pas le laisser téter plus de 20 minutes, sinon, c’est qu’il me prend pour une tétine (la tétine, cet objet en plastique fabriqué pour remplacer le sein maternel ?).

 

Mais le cododo dans tout ça ?

 

Mais tout ceci n’a rien à voir avec le cododo me direz-vous (et voilà, j’écris mon premier article et déjà, je m’égare). En fait, tout ça, c’est pour dire que la nuit, ça se passait exactement comme la journée : bébé pleurait beaucoup, voulait téter souvent et dormait très peu, pas plus de 20 minutes, toutes les 2-3h.
Les puéricultrices me disaient que ça allait s’améliorer, que bébé allait grandir et qu’il dormirait un peu plus. « Vous allez voir, quand il aura 4 semaines, les choses devraient s’arranger. » 4 semaines ?! Mais c’est hyper long, je suis crevée !

Les semaines s’enchaînent et passent. 4 semaines, 8 semaines… rien ne change. « Ne vous inquiétez pas à 12 semaines, tout s’arrange. » Oh que je les attends avec impatience ces 12 semaines… Ce n’est pas que j’ai hâte de voir grandir mon bébé, j’ai envie de pouvoir profiter de sa jolie petite frimousse de nourrisson, mais quand même, pour pouvoir en profiter, il faudrait justement que je puisse dormir, et donc qu’il dorme.

Je commence à saturer de ses pleurs, de sa détresse que je ne comprends pas (je me sens complètement impuissante), de devoir passer des heures à le bercer en marchant pour qu’il s’endorme et finalement qu’il se réveille quand je tente de le poser.
En fait, le seul moment où il dort assez bien, c’est quand je viens de l’allaiter, qu’il s’endort au sein et que je l’y garde.

 

Le cododo ? On y arrive enfin !

 

Alors, pour pouvoir somnoler un peu, j’avoue, je le garde un peu au sein quand il s’est endormi. La nuit y compris. Sauf que je culpabilise : « Qu’est-ce que je suis en train de faire ? »

Je me suis également surprise plusieurs fois à m’endormir profondément pendant qu’il tète, à ne me réveiller qu’une ou deux heures après, avec bébé toujours accroché au sein. Oui, oui, vous avez bien lu, ces nuits-là, j’ai pu dormir une ou deux heures d’affilées. Ca peut paraître idiot, ou trop peu pour beaucoup, mais pour moi, qui depuis plus de 2 mois, ne dormait que 20 min 2 ou 3 fois dans la nuit, c’était un vrai luxe. Vous imaginez ? Dormir 3 ou 4h par nuit ? Une vraie cure de sommeil pour moi !

Pourtant, je culpabilisais, n’étais-je pas en train de donner de mauvaises habitudes à mon bébé ? J’y réfléchissais souvent la nuit, pendant que je l’allaitais. Je finissais par me réveiller, bébé en train de téter ou de dormir. J’avais peur de le faire tomber, j’avais peur de l’écraser, mais je pouvais dormir un peu… et surtout, je ne parvenais plus à lutter contre le sommeil, afin de rester éveillée assez longtemps pour pouvoir le reposer dans son couffin (de toute façon, il se serait réveillé quand je l’aurais posé ; si, si, j’ai testé plusieurs fois, je suis têtue).

Arrive le rendez-vous des 12 semaines avec la puéricultrice. Aux diverses questions posées je réponds et non, il ne dort toujours pas mieux la nuit. Je n’ose pas dire que je m’endors parfois avant même qu’il ait fini de téter. Et là, la puéricultrice me pose des questions un peu particulières :
P : « Est-ce que vous ou votre mari fumez ? »
Moi : « Euh non » (je ne comprends pas où elle veut en venir)
P : « Est-ce que vous ou votre mari buvez de l’alcool ? »
M : « Moi non, mon mari de façon occasionnelle, si nous sommes invités chez des amis. »
P : « Est-ce que vous ou votre mari consommez de la drogue ? »
M : « Euh non jamais » (mais pourquoi toutes ces questions bizarres ?)
P : « Alors vous devriez essayer de faire dormir bébé avec vous dans le lit (s’ensuivent quelques conseils pour le faire dormir de façon sécuritaire), je pense que vous devriez pouvoir dormir un peu plus, un peu mieux, l’un comme l’autre. »

Merci

 

Alors, avec le recul, j’ai envie de dire un grand merci à cette dame. Elle m’a sauvée, elle a sauvé ma vie de famille, ma vie de couple.

J’ai enfin pu dormir quelques heures par-ci par-là, sans culpabilité, simplement en faisant glisser bébé à côté de moi une fois qu’il avait fini de téter (il fallait cependant que j’attende un peu avant de l’allonger, sinon il régurgitait tout le lait qu’il venait de boire). Ce n’est que bien plus tard que nous avons découvert que toutes ses régurgitations et ses pleurs étaient dus à des allergies alimentaires. Le laisser pleurer n’aurait dans tous les cas servi à rien et au contraire, aurait empiré l’intense douleur qu’il ressentait au quotidien.